Nouveau blog, nouveau regard sur un monde virtuel en
constante évolution et ou les enjeux sont sensibles, tant pour la
protection des personnes que pour la préservation des fruits
intellectuels.
Si l’Internet est souvent associé à l’idée de liberté, cette
dernière ne saurait perdurer sans frontières. Ce premier billet dresse
la scène de la complexité des situations générés par le cyberespace et
auquel ce blog se propose d’apporter un décryptage.
« Gouvernements du monde industriel, géants fatigués de chair
et d’acier, je viens du cyberespace, nouvelle demeure de l’esprit. Au
nom de l’avenir, je vous demande, à vous qui êtes du passé, de nous
laisser tranquilles. Vous n’êtes pas les bienvenus parmi nous. Vous
n’avez aucun droit de souveraineté sur nos lieux de rencontre (…)
Vos notions juridiques de propriété, d’expression, d’identité,
de mouvement et de contexte ne s’appliquent pas à nous. Elles se fondent
sur la matière. Ici, il n’y a pas de matière (…)
Dans notre monde, tout ce que l’esprit humain est capable de
créer peut être reproduit et diffusé à l’infini sans que cela ne coûte
rien. La transmission globale de la pensée n’a plus besoin de vos usines
pour s’accomplir (…)
Nous allons créer une civilisation de l’esprit dans le
cyberespace. Puisse-t-elle être plus humaine et plus juste que le monde
que vos gouvernements ont créé. »
John Perry Barlow, Déclaration d’indépendance du Cyberespace, 1996.
Texte intégral : http://www.freescape.eu.org/eclat/1partie/Barlow/barlowtxt.html
En 1996, John Perry Barlow (activiste américain co-fondateur de
l’Electronic Frontier Foundation et considéré comme un des « gourous »
du net), écrivit une célèbre « Déclaration d’indépendance du
Cyberespace » dont quelques extraits choisis sont reproduits ci-dessus.
Nous étions aux débuts de l’Internet grand public.
Pour provocante qu’elle soit, cette déclaration n’en demeure pas
moins intéressante puisqu’elle posait clairement la question de
l’applicabilité ou non des règles juridiques régissant le monde réel à
un espace totalement virtuel : l’Internet !
L’Internet, est-il un Eldorado virtuel ou la liberté serait le
maitre mot sans qu’aucune limite ne puisse y être portée ? Si oui, comme
le soutient M. Barlow, alors il n’y aurait aucune propriété, aucune
restriction, aucune contrainte s’imposant aux internautes qui
bénéficieraient d’un blanc seing pour agir en ligne sans aucunes
limites ! Seule compterait la transmission globale de la pensée ce qui
avait poussé M. Barlow à écrire également : « Everything you always knew
about Intellectual Property is wrong ! ».++++
Le cyberespace ne doit pas échapper à la législation
Quinze ans plus tard, à l’aube du web 3.0, la portée de cette
déclaration doit être relativisée : les Etats ont adoptés des textes de
loi destinés à régir l’Internet ou plus exactement encadrer l’exercice
des libertés sur Internet (US Digital Millenium Copyright Act 1998,
Directives européennes Commerce Electronique, DADVSI, Données
personnelles….) ; une jurisprudence foisonnante et souvent novatrice
montre chaque jour que l’Internet n’est pas une zone de non-droit et que
les règles juridiques du monde réel peuvent parfaitement embrasser les
situations inédites du monde virtuel sans qu’il soit besoin d’inventer
un nouveau droit pour ce nouveau monde.
Aujourd’hui, il n’est plus contestable que le cyberespace n’échappe
pas à la législation du monde réel, que celle-ci est même INDISPENSABLE
pour pouvoir préserver la liberté régnant sur l’Internet. Toute liberté
n’a-t-elle pas besoin de bornes pour pouvoir perdurer ?
Au contraire, la fulgurante évolution du Cyberespace et de ce que
l’on nomme les Technologies de l’Information et de la Communication
posent en permanence de nouvelles problématiques, de nouveaux défis avec
à la clef des enjeux cruciaux !
Ainsi les autoroutes de l’information prennent d’abord la forme de
câbles de fibres optiques souterrains voire sous-marins permettant de
raccorder les pays à l’Internet haut-débit. A coté de la route du
pétrole et du gaz, la route des câbles de télécommunications a fait son
apparition. Les enjeux qui y sont liés sont considérables comme
l’illustre l’historique des tarifs du câble SAFE qui est pour l’heure le
seul à assurer la connectivité de La Réunion aux backbones mondiaux.
De même le développement de l’économie numérique, même en temps de
crise si l’on se fie aux informations de la FEVAD (Fédération du
E-commerce et de la Vente à Distance), témoigne de la vitalité du
secteur http://www.fevad.com/images/Etudes/autres_etudes/chiffres_cle_2009.pdf
). Ce qui fait l’originalité du e-commerce, ce n’est pas seulement que
l’ensemble de la transaction soit dématérialisé (contrat en ligne),
c’est aussi que l’objet même de la transaction porte sur une prestation
dématérialisée : téléchargement de logiciels, achat de fichiers
musicaux, accès à une base de données en ligne… Les comportements ont
évolués et les consommateurs sont devenus des CYBERCONSOMMATEURS
réclamant le bénéfice de protection accrue face aux incertitudes du net.
Comment assurer cette protection ?++++
Une cybercriminalité en vogue
Dans ce monde totalement dématérialisé, tout n’est qu’information.
Or derrière le vocable « information », l’acte de création
intellectuelle reste permanent. Même si les technologies sans cesse plus
performantes permettent de reproduire et rendre accessible à l’infini
des « informations », celles-ci n’en demeurent pas moins protégées par
des droits de propriété intellectuelle, dont l’une des finalités est
d’assurer une rémunération à ses titulaires sans qui l’effort créatif
n’existerait pas. Or, bousculé par l’insolence des techniques et des
utilisateurs, la propriété intellectuelle doit elle s’effacer devant la
gratuité revendiquée par les internautes sans qu’une quelconque
rémunération puisse être offerte aux créateurs ?
Et que dire de la multiplication des réseaux sociaux en ligne
lesquels aspirent toujours plus la vie privée des individus pour
l’exhiber, la valoriser, voire la commercialiser ? Si l’Internet permet
de rapprocher les individus, n’est ce pas au sacrifice du véritable
contact humain auquel on privilégie désormais le contact du clavier.
Dans cet immense concert des clics et des téléchargements, le profilage
des individus et la marchandisation des données personnelles imposent
que des garanties soient apportées à la protection des personnes.
Enfin, l’apparition d’une délinquance désormais électronique,
révèle une nouvelle forme de déviance ainsi que les limites du « tout
liberté ». La CYBERCRIMINALITE revêt ainsi de multiples visages : mail
bombing, phishing, fraude informatique, pédopornographie… Des
infractions inédites ayant pour support le cyberespace et auxquels des
réponses adaptées ont du être apportées.
Les quelques exemples ci-dessus illustrent toute la complexité des
situations générées par le Cyberespace et la nécessité de poser des
frontières à celui-ci justement pour préserver les libertés de chacun.
Tel est l’objet d’étude de ce nouveau blog : offrir un décryptage
des enjeux du cyberespace et de l’économie numérique, des libertés en
jeu et des frontières applicables ; offrir au lecteur un regard critique
sur un domaine pointu ou l’intervention du droit est souvent mal
comprise. Qu’il s’agisse de la loi HADOPI, ou de la récente condamnation
du site e-bay pour contrefaçon de marques, ce blog se propose de poser
un à un les enjeux du débat afin d’éveiller et d’alerter l’esprit
critique du lecteur pour qu’il se saisisse lui aussi de ces
problématiques souvent jugés très techniques.
Car, le secteur des TIC reste porteur de croissance et de richesses
malgré les incidences de la crise financière actuelle. La matière
première ce n’est plus le charbon et l’acier, mais plutôt la faculté de
pouvoir accéder à tel ou tel service ou encore à tel ou tel RESEAU.
C’est dans cette « civilisation de l’accès » dans laquelle nous vivons
aujourd’hui (pour paraphraser l’économiste américain Jérémy Rifkin, The
age of access, 2000 : http://www.demo.magusine.net/IMG/pdf/jeremy_rifkin_acces.pdf
) qu’il nous faut également développer et valoriser notre savoir faire
afin de positionner la Réunion comme un laboratoire compétitif de
matière grise !
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